Membre éminent de la Guilde des Gardiens de la Mémoire des Contes, il est le descendant du célèbre baron de Münchhausen. Personnage excentrique, costumé à la manière d’un gentilhomme du XVIIIe siècle et qui affecte une certaine morgue vis à vis de ses semblables, il est en réalité animé d’une grande noblesse de cœur et d’esprit. Grand spécialiste reconnu de l’histoire de l’île aux brumes, il œuvre en outre pour la réinsertion sociale des gens de peu, cause pour laquelle il consacre sa fortune. Il est le meilleur ami de Nils Andersen et entretient une relation d’une force exceptionnelle avec la princesse Marie-Ange Océane Fauchelevent pour laquelle il nourrit des sentiments ambigus.
"16, Cours des Miracles. Le long des rues qui les avaient menés jusqu’au lieu du rendez-vous, Sarah et Nuno voyaient s’affairer les sociétaires de la Guilde, le plus souvent derrière un stand où, en grande discussion avec les passants, ils présentaient contes, romans, nouvelles, poèmes et pièces de théâtre de grands auteurs aujourd’hui presque oubliés.
Ils eurent à peine le temps de faire un pas dans l’enceinte de la confrérie, qu’ils furent accostés de la plus vive des manières par un drôle de bonhomme étrangement vêtu, à la manière d’un gentilhomme du XVIIIe siècle. Sous un tricorne vert sombre, de la même couleur que son costume, une chevelure d’un gris argenté qui se terminait par une petite queue maintenue par un nœud noir. Un visage long, pâle, aux joues creusées et de petits yeux vifs et malicieux avec une touche de fausse vanité. Sa bouche à la moue orgueilleuse était surmontée de fines moustaches avec leurs pointes effilées dirigées vers le ciel. Mais aucun des traits de son visage n’était aussi propre à frapper les esprits que son nez. L’appendice nasal de notre homme n’aurait jamais rien bouleversé de la face de la planète, mais il avait assurément la faculté de détourner sur lui tous les regards du monde.
A l’aide de ses deux longs barreaux de chaise qui lui tenaient lieu de jambes, il bondit vers ces nouveaux clients potentiels. Il tenait en ses mains un ouvrage.
- Voici Les Aventures du baron de Münchhausen de Gottfried Bürger qui a écrit cet ouvrage d’après les récits recueillis et ordonnés par Rudolf Raspe. Celui-ci avait rencontré à Göttingen mon illustrissime aïeul feu Karl Friedrich Hieronymus baron von Münchhausen en personne ! Tenez ! Lisez-le et vous découvrirez quelle fut l’existence de cet officier prussien qui servit dans l’armée russe contre les Turcs et qui raconta ses extraordinaires aventures sa vie durant aux hommes de son temps !
- Un affabulateur doublé d’un écrivain médiocre, voilà ce qu’il était, votre aïeul !
A ces mots, le dernier des Münchhausen fut pris d’un formidable accès de fureur. Il dégaina son épée en direction du personnage qui avait prononcé cette phrase assassine, prêt à embrocher le calomniateur. A la grande frayeur des visiteurs qui s’empressèrent de se réfugier sous les tables lorsqu’ils ne pouvaient pas sortir de la salle, l’offensé fit tournoyer son épée au dessus de sa tête avant de la diriger d’un air menaçant vers son adversaire. Ses coups d’épée virevoltant en l’air ayant créé un grand vide autour de lui, il fut immédiatement maîtrisé par Peter Grimm et Nils Andersen, plus goguenards qu’inquiets de cet incident. Alors qu’on l’entraînait dans un coin de la salle où on le fit asseoir, le forcené hurla d’une voix haut perchée et nasillarde :
- Quiconque aura encore l’outrecuidance de porter atteinte à la mémoire de mon illustre aïeul, devra s’attendre à ce que je le tance, je le jure sur son linceul !
- Calme-toi, Münch, calme-toi. Ce parasite ne vaut pas la peine que tu te mettes dans cet état là !
- Mille fois dans mes esgourdes sont tombées ces tissus d’ineptie, mais mon âme vaillante restera sourde à ce qu’il eût fallu appeler infamie !
Le parasite, voyant son adversaire maîtrisé, renchérit sur un ton provocateur :
- Pauvre fou !
L’étrange individu rétorqua par une réplique empruntée à Dali :
- Sachez-le pour votre gouverne, Monsieur : toute la différence qu’il y a entre un fou et moi-même, c’est que moi, voyez-vous, je ne suis pas fou !
Nils Andersen remarqua le malaise que l’incident avait produit sur ses deux invités. Il s’empressa de les rassurer.
- Ne soyez pas impressionnés par la scène que vous venez de vivre. Mon ami a également un petit côté fanfaron irascible et il a souvent le plus grand mal à maîtriser sa fougue. Mais en vérité, il ne ferait pas de mal à une mouche. Et quand bien même il lui arrive de faire usage de son épée, ce n’est que pour manifester haut et fort son mécontentement… Et puis, il faut bien l’avouer : ces deux-là se haïssent cordialement !
Le jeune inspecteur ne se montra pas impressionné plus longtemps. Lui qui était venu en ces lieux dans un seul et unique but piaffait d’impatience.
- Votre ami dont vous nous parliez est-il ici ?
- Justement, vous venez de faire connaissance avec lui !
- Quoi ? C’est cet homme en costume ?
- Précisément !
- Rassurez-nous, il n’est pas tout le temps comme ça …
- Ne prenez surtout pas pour argent comptant tout ce qu’il dit. C’est un brave homme, en vérité. Si tout les membres de la Guilde ne formaient qu’un seul corps, Münch serait sans nul doute notre âme à tous. Une grande âme comme il en existe peu en ce bas monde, je vous prie de le croire. Mais c’est aussi un grand timide. Je ne sais pas si vous savez comment ils sont !
La jeune femme dirigea ses yeux marine vers Nuno tout en répondant à Nils Andersen.
- Oh oui ! Ils sont vraiment terribles ! Ils passent leur temps à se cacher aux yeux des autres derrière ce qu’ils ne sont pas. Ils s’évertuent à se dissimuler derrière des images qui ne leur ressemblent pas du tout !
Toujours assis au fond de la salle, l’homme au costume accompagnait du regard les deux nouveaux venus. Il dut se rendre compte qu’il était au centre de leurs discussions puisqu’il se leva pour aller à leur rencontre.
- Je me présente : Romuald Wolfgang Hieronymus baron de Münchhausen. Mais puisque vous semblez être des amis de mon excellentissime ami Nils Andersen, je consens à ce que vous m’appeliez Baron… En toute simplicité…"
Commentaire de coeurdorizon (14/05/2018 11:42) :
Une pause comme une respiration, nécessaire !
A très bientôt !
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