"- Après ce que nous a appris mon beau-père, je suis un peu inquiet pour l’Institut, Sarah.
- Pourquoi ?
- Imagine un peu que Barthélémy parvienne à remonter la filière jusqu’à nous. Il ne s’embarrassera pas de scrupule pour nous écraser. Et je ne veux pas engager la responsabilité de la Pyramide dans cette voie là. Nous, nous avons l’habitude de prendre ce genre de risque. Mais je ne voudrais pas que les problèmes rejaillissent sur vous. Si l’affaire est ébruitée, il saura immanquablement d’où provient lafuite.
- J’ai pensé que nous pourrions faire appel aux frères Arzel ! Ils ont l’habitude de se couper totalement de leurs informateurs. Eux, sauront comment s’y prendre avec Barthélémy.
- Ils sont très efficaces, d’après ce que j’ai entendu dire…
- Puisque Barthélémy nous met la pression pour que l’on abandonne, nous allons les prendre à leur propre jeu, lui et tous ceux qui veulent étouffer l’affaire. Le seul moyen serait d’orchestrer une petite fuite. Et les frères Arzel sont très forts à ce jeu là.Si l’on y parvient, les gens seront au courant de ce qui se trame.
Rares étaient les personnes qui les avaient vus réellement. Au point que certains avaient pu mettre en doute leur existence.Le jeune inspecteur en savait à peu près autant sur eux que la plupart des gens. Ils étaient trois frères, Yann, Elliot et Matthias Arzel, journalistes de terrain, qui se distinguaient de leurs confrères par une particularité qui les rapprochait tous les trois. C’étaient des triplés. Ils se servaient de cette arme biologique pour mener leurs investigations à haut risque. Craints de leurs adversaires autant que respectés par la profession, malgré quelques jalousies particulières, personne ne pouvait se targuer de les avoir vus une seule fois ensemble. Pour déjouer toute velléité d’attentat sur leurs personnes, ils prenaient grand soin de se déplacer toujours séparément. Si l’un d’eux devait ainsi succomber, il resterait toujours les deux autres frères pour entretenir le flambeau.
- Tu peux leur faire confiance. Jamais Barthélémy n’arrivera à établir un lien quelconque entre les frères Arzel et nous. Et quand bien même on nous soupçonnerait d’être à l’origine de la fuite, il leur faudrait le prouver.
- Compte tenu des dossiers sensibles qu’ils ont eus à traiter,je sais qu’il est devenu très difficile de les contacter.Tu sais comment faire?
- J’ai ce qu’il nous faut !
Elle se munit sans attendre de son portable et y installa une sorte de capuchon rond et noir à l’une des extrémités avant de l’allumer.
- A quoi ça sert ?
- Ça ? C’est l’outil qui va nous permettre d’établir le contact avec eux. Sans cet objet, ce ne serait même pas la peine d’y penser ! Il fait office à la fois de brouilleur et d’émetteur. Tu l’installes, tu composes un numéro et puis après, il n’y a plus qu’à attendre. Le signal va vers un nombre indéfini de téléphones avant qu’il ne finisse par tomber entre les mains des frères Arzel, on ne sait trop comment. Le signal est indétectable sauf par les portables mis à contribution. Il paraît que les personnes sont soigneusement choisies. Enfin toujours est-il que leur système est très efficace et que tous ceux qui ont tenté de le mettre en défaut s’y sont cassé les dents !
- Ils vont nous contacter par téléphone ?
- Je ne pense pas. On risquerait de localiser l’appel. Ils vont certainement s’y prendre d’une autre façon. Je sais qu’ils utilisent souvent les moyens les plus incongrus pour entrer en contact avec leurs clients. Et quelques fois même, ils se servent des nouvelles technologies.
Un téléphone sonna. Mais ce n’était pas celui de Sarah. Nuno prit la communication pour ne s’attarder que pendant une poignée de secondes. - Il faut que j'aille chez une personne qui a besoin de moi. Tu viens avec moi Sarah ? J'aimerais te la présenter..."