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D\'une flamme qui ne s\'éteint pas
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D\'une flamme qui ne s\'éteint pas

VIP-Blog de fauchelevent
  • 16 articles publiés dans cette catégorie
  • 64 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 29/11/2009 15:59
    Modifié : 21/03/2010 19:15

    Garçon (37 ans)
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    Gorm le Terrible, Rodéric et Miranda

     

      - Vous voilà transportés dans ce qui n’était en ces temps reculés qu’une petite bourgade. C’est une ville qui existe encore aujourd’hui. Elle est devenue une belle et grande cité prospère. Vous la voyez ? Maintenant que vous êtes passés de l’autre côté, que vous êtes immergés dans cette histoire, maintenant que vous êtes capables d'imaginer, de voir avec votre esprit cette petite cité avec ses rues géométriques, ses bonnes gens et ses malandrins de tout poil, ses marauds, sa ribaudaille, maintenant, ouvrez vos yeux ! En ce temps là, cette petite cité vivotait péniblement sous la férule d'un seigneur du nom de Gorm. Ce seigneur redoutable avait adopté comme emblème une tête de loup, si bien qu’on ne tarda pas à l’appeler Gorm Tête-de-Loup ou encore le Seigneur Loup. Tenez, nous allons faire une chose. Je suis certain que le seigneur Gorm est parmi nous. Voyons voir… 

        Le conteur passa de table en table, longeant les rangs comme pour une inspection, jaugeant chaque visage que son regard rencontrait, n’en oubliant aucun. Il se faufila dans les passages étroits. Posant sa main sur l’épaule de celui qu’il désignait, il assénait ses sentences.

      - Trop petit… Trop jeune… Pas assez costaud… Trop classe… Pas assez viril… 

        Ayant remarqué l’état de décomposition du visage de la dernière personne interpellée, il feignit de vouloir rattraper sa bévue.

      -  Je plaisante, évidemment… 

        Il s‘éloigna et il pointa son index au ciel comme l’aurait fait un vieux sage énonçant quelque vérité.

      - Surveillez tout de même votre taux de testostérone ! 

        Le bonhomme devait manquer pour le moins autant d’humour que d’hormone mâle. Il prit ses cliques et ses claques et décampa avec pertes et fracas. Indifférent, Peter Grimm poursuivit son casting itinérant, le ponctuant de « trop ceci » ou « pas assez cela » avec la régularité d’un métronome.    

        Il s’arrêta net.

      - Ah ! Le voilà !… Un grand gaillard tous muscles dehors, le sourcil broussailleux, la pelisse grise, Une barbe impénétrable à faire pâlir une forêt vierge, un air ombrageux… Faites voir votre timbre de voix. Dites : « Je suis Gorm le terrible !! ». A vous…

        L’autre obtempéra à la grande satisfaction de Peter Grimm. Le conteur reprit.

      - Parfait messire Gorm… Pas de doute, voici le seigneur de séant parmi nous ! Poursuivons… Gorm avait un fils unique, Rodéric. Celui-ci tomba un jour éperdument amoureux d’une jeune paysanne qui répondait au nom de Miranda. Gorm ignorait tout à fait cette relation. Il arriva un jour où Miranda mit au monde des jumeaux. Et c’est là que se joua la tragédie… 

        Peter Grimm s’interrompit à nouveau.

      - Je cherche Miranda et Rodéric. Je sais qu’ils se cachent parmi nous. Voyons, où sont-ils donc ?… Honneur à la gente demoiselle. Où est dame Miranda ? 

        Cette fois-ci, il ne prit pas la peine de balayer l’assemblée de son regard. Il le dirigea immédiatement vers la seule personne qui à ses yeux pouvait personnifier la jeune paysanne.

      - Là-bas, la jeune femme brune avec les yeux marine. Vous êtes Miranda ! 

        Le conteur vint à Sarah et, se prosternant devant elle, lui rendit hommage à la manière des temps anciens.

      - Dame Miranda… 

        Il se releva pour continuer sa quête.

      - Qui est le chevalier servant de cette dame ? Allons, Sire Roderic, ne soyez pas timoré ! Montrez-vous ! Votre dame va avoir besoin de vous. 

        Son regard frôla le visage de Nuno avant de repartir. Au grand dam du jeune homme qui se serait bien imaginé en preux chevalier veillant sur sa dulcinée, le conteur arrêta son choix sur quelqu’un d’autre avant de poursuivre son histoire.    

      - A la suite d’une trahison, Gorm apprit tout d'un coup à la fois la relation qui existait entre son fils et la jeune paysanne et l’existence des enfants nés de leurs relations illégitimes. La nouvelle le rendit fou de rage et il fomenta un véritable guet-apens visant à faire assassiner Miranda et ses deux enfants. Il prit d’abord soin d'éloigner son fils sous un prétexte futile afin qu’il ne puisse leur porter secours. Mais par un concours de circonstances malheureux, Rodéric différa à l'insu de son père le jour de son départ et le destin voulut qu’il soit aux côtés de sa dulcinée au moment même où les sbires du Seigneur Loup s’apprêtaient à accomplir leur sinistre besogne… 

        Peter Grimm rugit :

      - Où se tapissent nos trois lascars ?!… Aah ! Ils n'osent se montrer ! Ah, les manants ! ah, les lâches ! Tant pis ! Tôt ou tard, ils n'échapperont pas à la vindicte des bonnes gens de notre bonne ville et ce sera justice !

        On put entendre dans l’assistance quelques soupirs de soulagement.

        Peter Grimm, les yeux ronds comme deux pleines lunes, ne racontait pas une histoire. Il ne racontait plus des personnages. Il était Roderic, il était Miranda, il était Gorm, il était les hommes des basses œuvres du Seigneur-Loup, il réincarnait les personnages, les lieux et l’histoire toute entière. Il se désincarnait de sa propre personne pour entrer dans les peaux de ceux dont il avait les images devant lui. C’est à cela que sa petite mise en scène devait servir. Il s’inspirait des visages de ceux qu’il avait désignés, et il s’amusait à en imiter ou contrefaire au mieux leurs mimiques, leurs petites manies, leurs grands gestes, leurs attitudes et leurs voix. De cette façon aussi, il stimulait l’imagination de son public qui pouvait ainsi associer un visage à l’un des personnages.

      - Voyant que les trois hommes voulaient attenter à la vie de la jeune femme, Rodéric se précipita pour la défendre. Les trois agresseurs ne reconnurent pas le jeune héritier et ils ferraillèrent contre lui avant de le tuer, et les deux amants expirèrent dans les bras l’un de l’autre. Mais par bonheur, leurs deux enfants réchappèrent du massacre, car leur mère les avait confiés à sa sœur. Lorsque Gorm apprit l'assassinat de son fils et unique héritier, il entra dans une sorte de folie furieuse qui ne devait plus le quitter jusqu’au trépas. Dans sa fureur vengeresse, il entreprit de punir tous ceux qu’il jugeait responsables de la mort de Rodéric, voulant oublier qu’il était le premier d'entre eux. Il fit exécuter ses hommes de mains après leur avoir infligé les tortures les plus abominables. Mais cela ne suffit pas à apaiser son tourment et il ne tarda pas à en vouloir à la terre entière. Il fit reposer cette responsabilité sur le moindre de ses sujets et il fit bientôt régner une terreur sans nom. Son esprit malade lui suggéra que les habitants de la rue où son fils avait été assassiné s'étaient faits les complices des meurtriers. Gorm maudit la rue et tous ses habitants sur lesquels il jeta l'opprobre. Il édicta toute une série de mesures qu’il veilla à faire appliquer avec la dernière rigueur. Désormais aucun des habitants de la petite rue ne devait plus en sortir. Connus sous le nom de « Capitulaires de Gorm », ils disaient très exactement… 

        Le corps de Peter Grimm se raidit. Il prit la pose du héraut. Sa voix rocailleuse éructa sur un ton sentencieux et solennel ces articles de loi inflexibles :

      - Quiconque, homme, femme, enfant, tentera de sortir de ladite rue pour quelque motif que ce soit sera mis à mort sur-le-champ. Quiconque, homme, femme, enfant, s'introduira dans la rue et tentera d'en sortir sera mis à mort sur-le-champ. Quiconque, homme, femme, enfant, osera prononcer le nom de la rue sera mis à mort sur-le-champ. Quiconque, homme, femme, enfant, entendra le nom de la rue sera mis à mort sur-le-champ. Quiconque, homme, femme, enfant, écrira le nom de la rue sera mis à mort sur-le-champ. Quiconque, homme, femme, enfant, surpris en train de lire tout document mentionnant le nom de la rue sera mis à mort sur-le-champ.     

        Avec l’art consommé du conteur qui cherche à jouer avec les nerfs, les émotions et les sentiments de son auditoire, il variait, utilisait pour dépeindre son histoire un florilège d’intonations au gré des circonstances et des événements.

      - Le climat de terreur instauré par ces capitulaires fut tel que plus personne n'osa parler de la rue maudite. Bien moins encore, ils n'osèrent prononcer son nom que bientôt les habitants oublièrent. Et c’est ainsi que la rue devint une rue sans nom. Mais même Gorm, aussi puissant et aussi cruel qu’il ait pu être, ne pouvait aller contre le cours des choses. Et la nature humaine est ainsi faite qu’elle ne peut pas s'empêcher de donner un nom à tout ce qu’elle voit et tout ce qu’elle touche. En très peu de temps, la rue devint plus célèbre qu'aucune autre alentour et les habitants de cette petite ville ne tardèrent pas de l’appeler « la rue sans nom ». Gorm, qui avait voulu rayer de la mémoire des hommes le nom originel de la rue et défendit qu’on lui en donna un nouveau, fut le responsable bien involontaire de sa nouvelle dénomination officielle pour les siècles à venir. L'ironie du sort a voulu que la cité médiévale ait été détruite et que son seul vestige qui ait survécu aux outrages du temps soit la rue sans nom. Cette rue vous la connaissez tous. Elle existe encore aujourd’hui. Elle est ici au cœur même de notre bonne vieille ville. Elle en est le cœur qui bat, elle en est l'embryon. Il s’agit d’une rue qui est devenue célèbre par delà les terres. Cette rue au nom originel enfoui à jamais dans les limbes de la mémoire de nos ancêtres, cette rue, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, a retrouvé un nom : la rue Edgar Poe… 



    Commentaire de salie001 (18/05/2021 13:07) :

    Vraiment agréable ce site et en plus il est complet et simple en recherche. Je t’en remercie beaucoup pour ces moments de détente . voyance en ligne





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